Simples, peu coûteux : faut-il investir dans les ETF (Exchange-Traded Funds) ?
Pour investir en bourse, vous pouvez investir de façon autonome ou vous attacher les services d’un conseiller financier. Depuis peu, vous pouvez également faire appel à un robot. Est-ce intéressant ? Oui. Est-ce efficace ? Pas sûr.
Sommaire
Apparus en 2008 aux États-Unis, les robo- advisors proposent à leurs utilisateurs de construire et gérer leur portefeuille de titres financiers de manière automatisée, avec une intervention humaine limitée. La stratégie d’investissement des robo-advisors repose sur des algorithmes qui font appel à des théories et modèles issus pour la plupart du monde académique. Dès lors qu’ils mobilisent des algorithmes différents, il est donc compréhensible que les robo-advisors ne fournissent pas tous les mêmes recommandations. Comme pour les conseillers financiers traditionnels, il y a et il y aura donc des robo-advisors plus performants que d’autres.
Par ailleurs, les robo-advisors ne sont pas une innovation dans la mesure où les professionnels de la finance (banquiers, traders, conseillers…) disposent de tels outils depuis de nombreuses années. C’est bien plutôt l’accès direct (sans passer par un conseiller financier), simple et convivial à ces outils qui constitue une véritable innovation. La dernière crise financière ayant renforcé l’impopularité des acteurs traditionnels de la finance, cet accès direct a pu rencontrer un certain succès aux États-Unis. Par ailleurs, l’essor de la digitalisation renforce encore cet attrait. En France cependant, le développement des robo-advisors reste encore limité.
Pour définir l’allocation d’actifs d’un client, un robo-advisor doit disposer de renseignements qui permettront de définir un profil de risque (quel est votre profil de risque ?). Ces informations auront été recueillies en ligne au travers de questionnaires plus ou moins pointus. Les robo-advisors proposent ensuite une allocation en fonction du profil de risque. Chaque profil de risque dispose de la même allocation. Derrière cette base commune, les modèles sont aussi nombreux que les acteurs.
Par Xavier Leite – L’impact des robo-advisors sur la gestion de patrimoine
Malgré l’absence de données empiriques, un certain nombre de spécialistes des marchés financiers sont d’ores et déjà sceptiques quant à la capacité d’un robo-advisors de surmonter le prochain « bear market ». Plusieurs analyses ont ainsi été effectuées sur les algorithmes utilisés par les plateformes de conseil en investissements automatisés. Il en résulte que 60 % des algorithmes identifiés par Raffaele Zenti, co-fondateur d’Advise Only, reposent sur la théorie moderne du portefeuille.
Cette observation l’a conduit à faire une remarque acerbe sur le modèle des robo-advisors : « dans la rue, vous tombez sur un magasin spécialisé dans le high-tech, avec des fenêtres lumineuses et brillantes. Vous entrez dans le magasin. À l’intérieur, la mise en place est impressionnante, tout brille et sent agréablement bon. Le vendeur joliment habillé parle doucement et met en avant sa dernière nouveauté, le nec plus ultra du high-tech. Vous vous approchez, vous souhaitez voir cette incroyable technologie et… surprise, c’est un vieux Commodore ! La réalité est qu’il essaye de vous vendre de la technologie dépassée comme quelque chose de fantastique et précieux. Eh bien, au fond, aujourd’hui la plupart des robo-advisors font exactement la même chose : ils ont mis en place une interface utilisateur avec des couleurs vives qui enveloppent un moteur financier naïf et obsolète ».
D’un point de vue plus neutre, Elisabeth Kashner, directrice de recherche sur les ETF pour FactSet, a choisi de mener une étude focalisée sur un nombre restreint de robo-advisors afin d’en disséquer l’algorithme : quatre des six sociétés étudiées utilisent un modèle de moyenne-variance conventionnelle, application mathématique de la théorie moderne du portefeuille.
Or, même si cette théorie a permis de donner un cadre directeur au processus de réalisation d’un portefeuille d’investissement par la découverte de grands principes qui ont ouvert la voie à la construction de modèles mathématiques, elle a été introduite dans les années 1950. Ainsi, pour beaucoup d’analystes, cette théorie, bien qu’intitulé « moderne », est obsolète et il ne doit donc pas en être fait une application naïve. L’évolution de la connaissance suit toujours le même schéma : les découvertes des uns constituent la base de recherche des suivants qui utilisent les données déjà mises à jour pour améliorer notre connaissance. Ainsi, la « théorie moderne du portefeuille » fut une belle base mais qui est aujourd’hui supplantée par bien d’autres théories plus complexes et fournies.
Si les robo-advisors ne constituent pas une innovation technique (ils reposent pour la plupart sur des modèles anciens), ils possèdent en revanche plusieurs avantages :
Grâce à la suppression d’intermédiaires et une interface attrayante, les robo-advisors permettent une démocratisation de l’allocation d’actifs.
Assurance vie, PER, compte titres :
Avez-vous choisi les bons fonds ?
Si l’automatisation de l’allocation d’actifs permet une démocratisation bienvenue, elle ne garantit aucunement une garantie de performance. Ainsi, le rapport IOSCO Research Report on Financial Technologies (Fintech) publié en février 2017 identifie différents risques relatifs aux robo-advisors, et notamment le risque d’erreurs dans les algorithmes. Ainsi, les conseils proposés par un robo-advisor ne seront pertinents qu’à condition de tenir compte d’un nombre suffisant de caractéristiques de l’utilisateur. Les algorithmes devront donc être relativement complexes, ce qui accroît le risque que ces algorithmes contiennent des erreurs et conduisent à des résultats inattendus.
Il existe également un risque que les caractéristiques des clients ne soient pas régulièrement actualisées et qu’en cas de changement significatif, l’allocation d’actifs proposée ne corresponde plus au profil de l’investisseur.
Par ailleurs, il est encore difficile de juger de la performance à long terme des robo-advisors car ils sont trop récents. Le comportement des robo-advisors n’a pas encore été éprouvé dans des situations de marché extrêmement volatiles ou lors de krachs boursiers. Cela limite inévitablement la confiance qui peut leur être accordée.
Enfin, les robo-advisors manquent d’une dimension humaine qui reste essentielle, tant dans le recueil des informations des clients que dans leur accompagnement dans un environnement boursier chahuté. Ainsi, les conseils personnalisés sur un placement financier des robo-advisors découlent parfois de questionnaires simplistes et trop peu personnalisés pouvant aboutir à des erreurs de conseil. En outre, les clients peuvent mal interpréter certaines questions, qu’ils n’ont pas la possibilité de clarifier avec un professionnel.
Les robo-advisors apportent une réelle rupture mais souffrent de leur principale caractéristique, l’absence de conseiller humain. Une voie de développement prometteuse réside donc dans la création d’un modèle hybride capitalisant sur les forces respectives des robo-advisors et des conseillers humains :
Ce modèle hybride ressemble néanmoins furieusement à celui qui prévalait avant l’arrivée des Fintechs, lorsque les acteurs traditionnels étaient les seuls à pouvoir utiliser ces robots. Pour être réellement novateur, ce modèle hybride devra donc conserver les avantages des Fintechs, à savoir une véritable démocratisation de l’allocation d’actifs. Si ce modèle hybride devait se développer, il serait alors difficile de parler de révolution. Il ne s’agirait plus que d’une évolution significative. Mais dès lors qu’elle serait véritablement bénéfique pour les clients, cela n’aurait que peu d’importance.
Investopedia – Robo-advisor
Bankobserver – Wavestone – Les robo-advisors face aux conseillers financiers traditionnels : Bouleversements en vue
Le Monde.fr – Les robots débarquent sur la planète placements
Finobuzz – Investir avec un robo-advisor : 4 risques à ne pas négliger selon l’IOSCO
ZDNet.fr – Comment les Robo-Advisors vont bousculer lemonde de l’épargne
Café de la Bourse – Votre prochain conseiller financier sera-t-il un robo-advisor ?
Advise | Fundshop | Grisbee | Marie Quantier (n’existe plus) | Wesave | Yomoni | |
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Statut juridique | CIF | CIF | CIF | CIF | CIF | Société de gestion de protefeuille |
Tarifs | Souscription d’un contrat d’assurance-vie | De 0 à 14 euros par mois | De 0 à 49,99 euros par mois Possibilité de souscrire un contrat d’assurance-vie |
19,99, 39,99 euros ou 149 euros par trimestre + 5 % des gains annuels Souscription d’un compte-titres ou d’une assurance-vie |
Souscription d’un contrat d’assurance-vie/de capitalisation | Souscription d’un contrat d’assurance-vie, frais annuels : 1,6 % du montant investi) |
Investisement minimum | 500 euros si versements programmés, ou 1 000 euros en versement initial | 1 000 euros pour un contrat d’assurance-vie, 5 000 euros pour un compte titres |
10 000 euros | 1 000 euros | ||
Type de gestion | Gestion conseillée | Gestion conseillée | Gestion conseillée | Gestion conseillée | Gestion sous mandat | Gestion sous mandat |
Remarques | Allocations construites parles experts de Morningstar | Le mandat d’arbitrage est signé avec Suravenir | ||||
Gestion conseillée : le robo-advisor émet des recommandations que le client est libre d’accepter ou non. L’épargnant garde la main sur son épargne. Gestion sous mandat : le client signe un mandat de gestion qui permet à la société de gérer son épargne à sa guise. |
Conseiller financier indépendant
Titulaire d'un master en gestion de patrimoine et docteur en économie.