Comment rééquilibrer son portefeuille sans paniquer

par François-Julien Piteau | Allocation d'actifs

Déc 21

La recette pour rééquilibrer son portefeuille

Quand les marchés s’agitent, l’instinct pousse souvent à réagir dans la précipitation. Pourtant, le rééquilibrage d’un portefeuille n’a rien d’une urgence : c’est une recette à exécuter avec méthode. Voici comment ajuster vos placements sans céder à la panique.

 

Remettre de l’ordre dans ses investissements ressemble à la préparation d’un bon plat : le secret réside dans l’organisation, la précision… et un soupçon de sang-froid. La volatilité ? Ce n’est qu’un piment — utile pour relever les saveurs, mais à doser avec calme. Plutôt que de réagir à chaud, mieux vaut suivre une recette éprouvée, simple, claire, et surtout… reproductible.

Les ingrédients indispensables

Pour réussir votre rééquilibrage, vous aurez besoin de :

  • Votre allocation cible (ex. : 60 % actions / 30 % obligations / 10 % liquidités)
  • Votre portefeuille actuel (liste de vos positions et leur poids réel)
  • Un seuil de tolérance autour de chaque cible, par exemple ± 5 % (5 points de pourcentage)
  • Un outil de suivi (tableur, application ou relevé de compte)
  • Et surtout… du sang-froid (la fameuse spatule en bois qui empêche de brûler la sauce)

Étape 1 : vérifiez si la recette a débordé

Ne goûtez pas à chaque fluctuation ! Limitez vos vérifications à tous les six mois (ou une fois par an si vous êtes très zen).

Comparez la répartition actuelle de vos actifs à votre recette initiale. Exemple :

Cible : 60 % actions → Réel : 70 %
Cible : 30 % obligations → Réel : 22 %
Cible : 10 % liquidités → Réel : 8 %
Écarts : +10 % sur les actions, –8 % sur les obligations, –2 % sur les liquidités.

Si un écart dépasse ± 5 % (5 points de pourcentage), c’est le moment de passer en cuisine.

Étape 2 : ajustez avec précision (pas à l’aveugle)

Ne changez pas tout ! Rééquilibrer, ce n’est pas recommencer à zéro — c’est rétablir les proportions initiales.

Dans l’exemple ci-dessus, vous devrez :

  • Vendre des actions jusqu’à ce que leur poids redescende à 60 %
  • Acheter des obligations pour remonter à 30 %
  • Compléter vos liquidités si nécessaire (ou laisser l’écart mineur se résorber naturellement)

Conseil pro : privilégiez les nouveaux versements pour rééquilibrer (ex. : investir votre prochain apport uniquement en obligations). Cela évite les frais de transaction, la fiscalité inutile et limite les tentations émotionnelles.

Étape 3 : laissez mijoter… sans remuer

Une fois les proportions rétablies, fermez le couvercle. Ne consultez pas votre portefeuille tous les jours. Ne réagissez pas aux gros titres. Laissez les composants faire leur travail.

Le prochain rééquilibrage aura lieu à la date prévue — pas avant.

Étape 4 : l’astuce du chef pour mieux respirer

Pour ne plus hésiter ni céder à l’émotion :

  • Programmez un rappel dans votre calendrier (ex. : 1er avril et 1er octobre)
  • Ou utilisez une plateforme qui propose le rééquilibrage automatique(certains contrats d’assurance-vie ou robo-advisors le permettent)

Ainsi, vous investissez comme un bon cuisinier : avec méthode, régularité… et plaisir.

Finalement, un portefeuille bien équilibré n’est pas celui qui rapporte le plus vite : c’est celui que vous pouvez garder sans perdre le sommeil.

En cas de doute sur les proportions ou la fréquence de rééquilibrage, il est recommandé de solliciter un conseil professionnel avant toute modification d’allocation.