Préparer sa retraite à 35 ans : quand la génération plan B investit sans frontières

par François-Julien Piteau | Finances personnelles

Sep 30

TL;DR — En résumé

Préparer sa retraite à 35 ans n’est pas trop tôt : c’est une stratégie face aux incertitudes du système français.
La voie proposée repose sur trois leviers complémentaires.

  1. PER optimisé : gestion libre/pilotée dynamique, déduction fiscale à l’entrée, vigilance sur les frais et la fiscalité à la sortie.
  2. Immobilier international : rendements souvent supérieurs et tickets d’entrée accessibles ; attention au financement local et au risque de change.
  3. Revenus passifs : location courte durée, contenus numériques, sites de niche ; nécessité d’un investissement initial en temps.

En complément, l’expatriation fiscale peut être envisagée (Portugal, Malte, Andorre), sous contraintes réglementaires et avec l’« exit tax ».

Conclusion : diversifier tôt, s’informer, agir progressivement.


 

 

L’idée de préparer sa retraite à 35 ans — un âge où beaucoup découvrent à peine la stabilité professionnelle — peut sembler prématurée.
Pourtant, elle devient une réalité pour une part croissante des actifs français. Face aux incertitudes du système public, à la faiblesse des
perspectives de pension et à la volonté d’indépendance financière, nombre de trentenaires construisent dès aujourd’hui des alternatives
concrètes, souvent internationales, rarement conventionnelles.

Selon l’étude « Épargne et retraite des jeunes actifs » publiée par Boursorama en partenariat avec CSA Research (janvier 2024) ,
41 % des 30-40 ans déclarent avoir mis en place au moins un dispositif d’épargne retraite complémentaire, et
28 % envisagent sérieusement d’investir à l’étranger ou de développer des revenus passifs d’ici cinq ans.
Ces chiffres marquent un tournant : la retraite n’est plus un horizon lointain — c’est un projet en cours de construction.


Pourquoi diversifier ses plans pour préparer sa retraite ?

Le système de retraite par répartition en France reste majoritaire, mais sa pérennité est régulièrement questionnée — réformes successives,
projections démographiques. Résultat : une génération informée cherche à réduire sa dépendance à l’État
et à prendre le contrôle de son avenir financier.

Trois leviers accessibles, progressifs et complémentaires :

  • Le PER, optimisé au-delà de sa version standard.
  • L’immobilier international, pour diversifier patrimoine et revenus.
  • Les revenus passifs et le micro-entrepreneuriat, pour construire de l’indépendance.

Plan B n° 1 : repenser le PER — au-delà du produit bancaire

Le Plan d’Épargne Retraite (PER) est souvent perçu comme un placement bloqué. Utilisé stratégiquement, il devient un outil puissant —
surtout lorsqu’on commence à 35 ans.

Ce que font les épargnants les mieux informés :

  • Gestion libre ou pilotée dynamique, plutôt que le profil standard par défaut.
  • Optimisation fiscale dès le versement : les versements sont déductibles du revenu imposable dans la limite de
    10 % du revenu professionnel (plafonné à 34 104 € en 2024BOFiP).
    Exemple : un contribuable à 30 % qui verse 3 000 € économise immédiatement 900 € d’impôt.
  • Simulation de la rente ou du capital via des outils indépendants : simulateur de l’AMF,
    ou outils de courtiers spécialisés (Linxea, Yomoni, Nalo).
Encadré : points d’attention du PER

  • Le PER est bloqué jusqu’à l’âge légal, sauf cas de déblocage anticipé (invalidité, décès du conjoint, surendettement, etc.).
  • Frais : de ~0,5 % à 2 % par an selon les établissements — comparer avant de souscrire.
  • Volatilité en gestion libre : accepter les fluctuations sur le long terme.
  • Fiscalité à la sortie :

    • Sortie en capital : la part correspondant aux versements déduits est imposée au barème de l’impôt sur le revenu ; les gains sont soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU 30 %).
    • Sortie en rente : imposition selon le régime des rentes viagères, variable selon l’âge et l’assiette imposable.

Comparatif indicatif : PER « bancaire » vs PER « en ligne »
Critères PER bancaire PER en ligne
Frais annuels Souvent plus élevés (jusqu’à ~2 %) Généralement contenus (~0,5 % à 1 %)
Modes de gestion Profil standard, choix restreint Libre, pilotée, ETF, thématiques
Transparence & outils Souvent limités Tableaux de bord détaillés, simulateurs
Accessibilité Souscription en agence Souscription 100 % en ligne

Plan B n° 2 : miser sur l’immobilier international — diversifier pour sécuriser

Investir à l’étranger n’est plus réservé aux expatriés. C’est une stratégie de diversification patrimoniale, fiscale et géographique,
particulièrement prisée par les 30-45 ans soucieux de leur retraite.

Pourquoi cela séduit :

  • Rendements locatifs souvent supérieurs à la France : par exemple 5 % à 8 % brut dans certaines grandes villes de Pologne (sources sectorielles comme JLL) et 4 % à 6 % au Portugal (données agrégées type Idealista).
  • Prix d’entrée plus accessibles : un studio à Cracovie peut commencer autour de 50 000 €.
  • Cadres fiscaux parfois plus favorables pour les retraités (ex. : régime NHR au Portugal, en évolution).
Encadré : trois règles pour l’investissement à l’étranger

  1. Consulter un notaire ou un avocat local (réseau des notaires d’Europe : notariesofeurope.eu).
  2. Se méfier des promesses de rendement > 8 % sans transparence juridique ou locative.
  3. Privilégier les pays de l’UE pour une meilleure sécurité juridique et des recours plus clairs.
  • Financement : les banques françaises financent rarement des biens étrangers ; envisager fonds propres ou banque locale.
  • Risque de change si loyers et charges sont libellés dans une autre devise que l’euro.

Comparatif indicatif : France vs Portugal vs Pologne
Critères France Portugal Pologne
Prix d’entrée typique Plus élevé dans les métropoles Intermédiaire (ex. : Porto périphérie) Souvent plus accessible (ex. : Cracovie)
Rendement brut locatif ~3 % à 5 % ~4 % à 6 % ~5 % à 8 %
Fiscalité & régime des non-résidents Stable, mais charges élevées locales possibles Régime NHR (en réforme) pour certains revenus Régimes variables selon la ville et la nature des revenus
Risque de change Néant (zone euro) Néant (zone euro) Présent (złoty)

Plan B n° 3 : développer des revenus passifs — construire son indépendance

Les revenus « passifs » répondent à la crainte d’une pension insuffisante. Le micro-entrepreneuriat permet de tester des modèles
avant une retraite partielle ou anticipée.

Formes courantes et éprouvées :

  • Location courte durée (Airbnb, Abritel) : ~3 % à 5 % net en France, jusqu’à ~7-8 % dans certaines villes européennes.
  • Vente de contenus numériques : livres auto-édités, formations, modèles numériques — marges brutes souvent > 80 %.
  • Affiliation et publicité sur sites de niche : plusieurs centaines à quelques milliers d’euros par mois si le référencement est solide.
Encadré : « passif » ne veut pas dire « facile »

  • Un investissement de temps initial (6 à 24 mois) est quasi systémique.
  • Automatiser n’exonère pas de piloter (suivi, mises à jour, optimisation).
  • Diversifier les sources : ne pas tout miser sur un seul actif ou un seul site.

Bonus : l’expatriation fiscale — légalement, stratégiquement

L’expatriation fiscale peut réduire la pression sur les revenus, plus-values et pensions, à condition de respecter strictement les règles
et la résidence effective.

  • Portugal : régime NHR (en évolution). À vérifier auprès de l’Autorité fiscale portugaise.
  • Malte : dispositifs forfaitaires pour revenus étrangers, sous conditions.
  • Andorre : fiscalité patrimoniale attractive, mais exigence de résidence (183 jours/an).
Attention : « exit tax » française

En cas de départ hors de France avec un patrimoine mobilier supérieur à 800 000 €, imposition immédiate des plus-values latentes (article 150-0 B du CGI).
Un conseil fiscal international s’impose avant toute décision.

Et vous, vous faites quoi ?

À 35 ans, la retraite paraît lointaine. Ceux qui la préparent aujourd’hui — avec des outils concrets, des stratégies internationales et une
vision de long terme — ne la subiront pas demain. Ils ne sont pas plus riches, ni plus malins : ils sont mieux informés et
mieux organisés. Leur force : ils ne croient pas aux promesses, se concentrent sur ce qu’ils contrôlent, et agissent maintenant.

Checklist actionnable — par où commencer ?

  1. Ouvrir un PER en gestion libre : comparer les frais, la gamme d’unités de compte et les outils. Simuler via l’AMF.
  2. Étudier un investissement à l’étranger : démarrer par le Portugal ou la Pologne. Consulter un notaire via notariesofeurope.eu.
  3. Lancer un micro-projet de revenu passif : choisir une plateforme (Amazon KDP, Etsy, Airbnb) et tester sur six mois.
  4. Consulter un fiscaliste international avant toute démarche d’expatriation.

Sources à consulter : AMF  
BOFiP  
Notaires d’Europe  
sites sectoriels pour données immobilières (ex. JLL, Idealista).

Ce contenu a vocation informative et ne constitue pas un conseil personnalisé. Vérifiez toujours les règles en vigueur et comparez les frais.