Assurance vie luxembourgeoise : une riche idée ?

par François-Julien Piteau | Assurance-vie

Nov 17

Assurance-vie : osez le Luxembourg

L’assurance vie luxembourgeoise attire les investisseurs en quête de sécurité, de diversification et d’optimisation patrimoniale. Ses caractéristiques la réservent néanmoins aux profils fortunés ou internationaux. Pour les autres, soit la majorité d’entre nous, elle ne présente pas plus d’avantages qu’une bonne assurance vie classique.

 

Avantages et inconvénients de l’assurance vie luxembourgeoise

Avantages

  • Sécurité accrue : triangle de sécurité et super privilège
  • Exemption de la loi Sapin 2, garantissant la liquidité en cas de crise
  • Gestion multidevises : euros, dollars, livres sterling, francs suisses
  • Possibilité d’investir en private equity, titres vifs et fonds spécialisés (FIC, FID, FAS)
  • Fiscalité neutre, s’adaptant au pays de résidence
  • Portabilité internationale, idéale pour les expatriés
  • Allocation d’actifs sur-mesure grâce à une architecture ouverte

Inconvénients

  • Ticket d’entrée élevé : minimum 250 000 €
  • Frais de gestion élevés, souvent supérieurs à 1 %
  • Complexité administrative et nécessité d’un accompagnement professionnel
  • Rendements des fonds euros souvent moins compétitifs que ceux des contrats français
  • Peu adaptée aux épargnants modestes ou peu avertis
  • Processus de souscription rigoureux
  • Arbitrages parfois archaïques (fax ou courrier)
  • Absence de certaines options comme les versements programmés

Une protection renforcée pour les épargnants

Le triangle de sécurité

L’assurance vie luxembourgeoise repose sur un mécanisme unique, le triangle de sécurité, qui impose une séparation stricte entre :

  1. Les actifs des souscripteurs ;
  2. Les actifs propres de la compagnie d’assurance ;
  3. Les fonds détenus dans des banques dépositaires indépendantes.

Sous la supervision du Commissariat aux Assurances (CAA), ce système garantit que les actifs des épargnants sont protégés en cas de faillite de l’assureur. Les actifs des assurés sont séparés de ceux des actionnaires et créanciers de la compagnie d’assurance. Contrairement aux contrats français, ils ne peuvent être utilisés pour couvrir les dettes de la compagnie.

 
Assurance-vie de droit luxembourgeois - le triangle de sécurité
 

Le super privilège

Le souscripteur d’une assurance vie luxembourgeoise est un créancier privilégié de premier rang en cas de défaillance de l’assureur.

  • En France, un souscripteur est protégé sur ses actifs à hauteur de 70 000 € par l’intermédiaire du Fonds de Garantie des Assurances.
  • Au Luxembourg, les assurés d’une assurance vie peuvent retrouver leurs actifs en priorité sur tout autre créancier en cas de défaut ou faillite de la compagnie d’assurance.

Le super privilège est une des principales raisons pour lesquelles les particuliers investissent au Luxembourg. Cependant, cette garantie de 70 000 € peut suffire pour de nombreux épargnants qui diversifient leurs contrats en France.

Exemption de la loi Sapin 2

Les assurances vie luxembourgeoises ne sont pas soumises à la loi Sapin 2 et ne peuvent être bloquées en cas de crise systémique. Cette exemption garantit un accès continu aux fonds, même dans les périodes de turbulences économiques.

« En cas de menace grave et caractérisée pour la stabilité du système financier, le Haut Conseil de Stabilité Financière peut, par une décision motivée, suspendre, retarder ou limiter temporairement le paiement des valeurs de rachat, des avances sur contrat, ainsi que le versement des capitaux en cas de décès sur les contrats d’assurance vie pour une durée maximale de trois mois, renouvelable une fois. »

La loi Sapin 2 permet ainsi au HCSF de limiter les rachats des contrats d’assurance vie pour prévenir une crise financière systémique.

Une offre d’investissement diversifiée et sur-mesure

Supports d’investissement disponibles

Les contrats luxembourgeois proposent une large gamme de supports d’investissement. Outre les fonds en euros et les unités de compte « classiques », ils incluent également des supports spécifiques :

  • Des fonds en euros, avec des rendements souvent inférieurs à ceux des contrats français.
  • Des unités de compte (UC) tels que des ETF et des organismes de placement collectif.
  • Des Fonds internes collectifs (FIC) gérés collectivement pour plusieurs souscripteurs ayant des objectifs similaires.
  • Des Fonds internes dédiés (FID) offrant une stratégie totalement personnalisée pour un unique souscripteur.
  • Des Fonds d’assurance spécialisés (FAS) axés sur des investissements sophistiqués comme le private equity.
  • Des titres vifs.
  • Des fonds immobiliers.

Les FID et FAS conviennent particulièrement aux investisseurs fortunés cherchant une personnalisation avancée de leurs placements.

Gestion multidevises

Les contrats luxembourgeois permettent également d’investir dans des devises variées (euro, dollar US, livre sterling, franc suisse) au sein d’un même contrat. Cette option contribue à réduire les risques de change, en particulier pour les expatriés.

Une neutralité fiscale adaptée aux profils internationaux

Fiscalité neutre

La fiscalité des contrats luxembourgeois s’adapte au pays de résidence du souscripteur. Pour les résidents français, cela signifie une fiscalité similaire à celle des contrats français : flat tax (PFU) de 12,8 %, prélèvements sociaux de 17,2 %, et réduction après 8 ans. Pour les expatriés, la fiscalité dépend uniquement des règles du pays de résidence.

Portabilité internationale

Ces contrats sont avantageux pour les expatriés. Contrairement aux contrats français, qui nécessitent parfois une clôture en cas de changement de résidence fiscale, les contrats luxembourgeois s’adaptent facilement aux nouvelles règles fiscales.

Des limites qui freinent l’accessibilité

Un ticket d’entrée élevé

Les contrats luxembourgeois exigent un investissement minimum de 250 000 €, avec certaines options nécessitant jusqu’à 500 000 €. Cela les rend accessibles principalement à une clientèle fortunée.

Frais de gestion élevés

Les frais de gestion oscillent entre 1 % et 2 %, ce qui peut affecter la rentabilité. De plus, le rendement des fonds en euros est souvent faible en raison de leur réassurance par des compagnies françaises.

Complexité administrative

La souscription est rigoureuse et nécessite un accompagnement par un conseiller en gestion de patrimoine.

Flexibilité : oui, mais

L’assurance vie française offre des options comme les versements programmés ou les avances sur contrat qui manquent dans les contrats luxembourgeois.

Conclusion

L’assurance vie luxembourgeoise combine sécurité, diversification et flexibilité. Elle s’adresse principalement :

  • Aux investisseurs fortunés qui bénéficieront de solutions performantes et personnalisées.
  • Aux expatriés pour lesquels elle offre une grande portabilité.

Malgré ses atouts, son coût et sa complexité la réservent à une clientèle avertie.