
Un ancien contrat d’assurance vie, ouvert il y a 10, 15 ou 20 ans, inspire souvent confiance. Il représente un pilier du patrimoine, associé à la sécurité et à une fiscalité avantageuse. Pourtant, nombreux sont ces contrats qui, avec le temps, voient leur performance s’éroder ou leurs frais rester inchangés. Faut-il pour autant y renoncer, ou au contraire, protéger cet avantage historique ? Avant toute décision, il est essentiel d’examiner factuellement son contrat, d’en identifier les forces et les faiblesses, et de comprendre le risque d’en changer… ou de ne rien faire.
L’ancienneté ne garantit pas la performance, et plusieurs signaux doivent vous alerter. Le premier concerne le rendement du fonds en euros. Certains contrats ouverts dans les années 2000 ne servent plus que 1 % à 1,5 %, alors que les meilleurs contrats actuels dépassent 2,5 % ou intègrent des mécanismes de bonification. Un écart durable de rendement, année après année, peut finir par freiner sensiblement la valeur de votre capital.
Un autre indicateur est la diversité des supports. Les anciens contrats se limitent souvent à un fonds en euros et à quelques unités de compte traditionnelles. Ils n’intègrent ni ETF, ni supports immobiliers modernes (comme les SCPI), ni fonds thématiques (transition énergétique, santé, numérique, etc.). Autrement dit, ils ne permettent plus de construire une allocation adaptée aux marchés actuels ou à une stratégie patrimoniale efficace.
De nombreux anciens contrats conservent des frais de versement ou de gestion élevés. À long terme, ces prélèvements récurrents pèsent davantage que le rendement brut affiché. De plus, certains contrats fonctionnent encore sans outils d’arbitrage automatique, sans gestion en ligne, et exigent des démarches exclusivement papier. Ce n’est pas uniquement une question de confort : c’est aussi une question d’efficacité patrimoniale.
Diagnostic rapide : votre contrat doit vous alerter si :
- le fonds en euros sert moins de 1,5 % depuis plusieurs années ;
- les frais d’entrée dépassent 1 % ou les frais de gestion excèdent 0,80 % sur le fonds en euros ;
- vous n’avez accès à aucun support moderne (ETF, SCPI, fonds thématiques) ;
- les arbitrages nécessitent encore des formulaires ou courriers postaux.
Il ne s’agit pas d’opposer ancien et nouveau contrat de manière théorique, mais de comparer objectivement. Un contrat de 15 ans affichant un fonds en euros à 1,3 %, des frais de versement de 0,80 % et des frais de gestion proches de 1 % n’a plus la même capacité de capitalisation qu’un contrat moderne à 2,5 % avec des frais de gestion autour de 0,5 % et sans frais d’entrée. Sur dix ans, l’écart cumulé peut représenter plusieurs milliers d’euros.
Cette comparaison doit aller au-delà du seul rendement garanti. Il faut analyser la possibilité d’investir sur d’autres supports, d’ajuster progressivement son allocation ou de sécuriser une part du capital en cas de besoin. Ne pas faire ce travail de comparaison revient à laisser son épargne sous-performer sans raison objective.
L’un des plus grands atouts d’un contrat ancien repose sur son antériorité fiscale. Après huit ans, les gains bénéficient d’un abattement annuel de 4 600 € (9 200 € pour un couple) avant imposition. Fermer brutalement un contrat peut entraîner la perte définitive de cet avantage — un coût difficile à compenser.
C’est pourquoi toute décision de rachat ou de transfert doit être précédée d’une analyse précise. Dans de nombreux cas, il est pertinent de conserver une partie de l’épargne dans l’ancien contrat (même symbolique) pour préserver cette ancienneté, tout en orientant les nouveaux versements vers un contrat plus performant.
Depuis la loi Pacte (2019), une option méconnue existe : le transfert interne. Il permet de basculer tout ou partie de votre épargne vers un nouveau contrat d’assurance vie souscrit auprès du même assureur, sans perdre l’antériorité fiscale. Ce dispositif est légal, mais pas universel : il dépend de la volonté de votre assureur de proposer une gamme plus moderne et d’activer cette possibilité.
Si le transfert n’est pas accessible, des arbitrages internes peuvent redynamiser votre contrat — à condition que la gamme de supports soit suffisamment diversifiée. En dernier recours, un rachat partiel suivi d’un versement sur un nouveau contrat (chez un autre assureur si besoin) permet une transition progressive. Attention : le nouveau contrat démarre alors à zéro en matière d’antériorité fiscale.
Il n’existe aucune règle universelle. Conserver un contrat ancien est judicieux s’il offre un rendement stable, des frais maîtrisés et une gamme de supports suffisante. À l’inverse, rester par habitude sur un contrat pénalisant peut, sur vingt ans, coûter bien plus cher qu’un prélèvement fiscal ponctuel lié à un rachat. La décision dépend de vos projets (retraite, transmission, revenus) et de votre profil (sécuritaire ou dynamique).
L’habitude conduit souvent à ne rien faire. Pourtant, laisser dormir une épargne sur un contrat mal adapté revient parfois à compromettre des années d’efforts. Entre inflation, faibles rendements et frais cumulés, un vieux contrat non réexaminé peut devenir un frein silencieux.
Un contrat ancien n’est pas un problème en soi. Il peut même être un atout précieux. Mais un contrat jamais remis en question risque de devenir un héritage inefficace. Prendre le temps d’en faire l’inventaire, poser un diagnostic lucide et, si besoin, faire évoluer sa stratégie, reste la meilleure garantie pour que l’assurance vie continue de remplir pleinement son rôle : protéger, valoriser et transmettre.