Quels sont les risques de vos placements ?

par Arnaud Sylvain | Finances personnelles

Sep 30

Quels sont les risques de vos placements ?

Un placement ne se limite pas à ce qu’il vous rapporte. Vous devez aussi tenir compte de ce qu’il peut vous coûter et vous assurer que les risques que vous prenez sont compatibles avec votre sensibilité au risque. Mais au fait, quels sont ces risques ?

 

Rendement et risque sont positivement liés

Lorsque vous investissez, vous recherchez du rendement. Celui-ci peut provenir du revenu de votre placement (intérêts ou dividendes pour un placement financier, loyer pour un bien immobilier) ou d’une plus-value lors de la cession.

S’il est compréhensible de vouloir rechercher le rendement le plus élevé, vous ne devez pas oublier que le rendement et le risque sont liés. Plus le rendement sera élevé, plus le risque le sera également. Par conséquent, vous rechercherez le rendement le plus élevé compatible avec votre sensibilité au risque.

Pourquoi le rendement et le risque sont-ils positivement liés ? Parce que le rendement est la rémunération du risque

Plus vous prenez de risques avec votre argent, plus vous exigez un rendement élevé. Il en est de même dans votre environnement professionnel avec les différentes primes qui existent et qui rémunèrent une prise de risque : prime pour le travail de nuit, pour le transport de produits dangereux, pour accepter d’aller travailler dans des pays en guerre… Rendement et risque sont liés.

Dans le cas d’un placement financier sans risque tel que le livret A, le rendement est relativement faible mais la probabilité que vous perdiez votre capital ou que les intérêts ne soient pas versés est encre plus faible. Pourquoi ? Parce que le Livret A est couvert intégralement par la garantie de l’État.

A l’autre extrême du spectre se trouvent les investissements dans des produits hautement spéculatifs, dont le bitcoin – passé d’une monnaie électronique à un pur instrument spéculatif – représente bon exemple.

Entre le Livret A et le bitcoin se trouve toute une gamme de placements avec leur rendement et leur risque propres. Le défi de tout investisseur individuel consiste alors à panacher ses placements de manière à obtenir le rendement le plus élevé possible sous la contrainte d’un niveau de risque compatible avec ses objectifs et préférences.

 

Le couple rendement-risque en vidéo

source : Lafinancepourtous.com

 

Quels sont les risques d’un placement ?

Dans la mesure où les placements procurent un gain financier (revenu ou plus-value), ils sont surtout exposés à des risques financiers. Les trois principaux sont les suivants :

  • Le risque de contrepartie, qui se matérialise lorsque la contrepartie à une opération ou à un contrat manque à ses obligations avant que l’opération ait été réglée de manière définitive sous la forme d’un flux financier.
  • Le risque de liquidité : ce risque correspond à l’impossibilité de céder un actif dans le délai et au prix raisonnablement attendus. Cela peut provenir d’un marché étroit où les cours fluctuent en raison d’un faible nombre d’acheteurs et de vendeurs. En conséquence, si vous souhaitez pouvoir récupérer votre argent rapidement, choisissez des actifs liquides. Vous pourrez les convertir immédiatement en monnaie sans perte de valeur.
  • Le risque de marché regroupe les risques liés aux variables de marché et qui impactent la valeur du placement. Il englobe entre autres notamment les risques suivants :
  • Le risque de volatilité : plus un placement est volatil, plus il fluctue à la hausse comme à la baisse. Le risque de perte est donc d’autant plus élevé que la volatilité est forte.
  • Le risque lié au taux de change : dans le cas d’un placement dans une monnaie étrangère, la valeur de ce placement dépend du taux de change de la devise concernée. Ainsi, sa dépréciation provoque une baisse de la valeur du placement ainsi que des revenus qu’il procure.
  • Le risque de taux d’intérêt : il s’agit du risque que les évolutions des taux du marché provoquent une baisse de la valeur du placement. Ainsi par exemple, une montée des taux d’intérêt provoque une baisse du cours des obligations. En cas de vente avant l’échéance, une moins value sera donc enregistrée.
  • Le risque de crédit : l’émetteur d’un titre de créance fait défaut et ne peut payer les intérêts (coupons) ou rembourser le capital de sa dette.
  • Le risque lié à l’inflation : l’inflation fait baisser le pouvoir d’achat au fil du temps (le même montant d’argent permet d’acheter de moins en moins de biens et de services). Le risque lié à l’inflation correspond à un impact négatif de la hausse de l’inflation sur le rendement et/ou la valeur du placement.

Lorsque vous placez votre argent, vous devez donc vous assurer de bien comprendre les risques auxquels votre placement est exposé et leurs conséquences potentielles sur sa valeur et ses revenus. C’est une tâche compliquée pour un investissement immobilier (à l’exception des SCPI et des OPCI) ou pour un placement « atypique » (vin, forêt, diamant…) car vous devez la plupart du temps identifier et évaluer les risques par vous-même.

C’est en revanche plus simple pour les OPC(VM), dont les sociétés de gestion sont tenues de fournir un document résumant les risques du placement.

 

Identifier les risques de vos placements : l’exemple du DIC

Lorsque vous souhaitez investir dans un OPC (organismes de placement collectif), vous pouvez consulter son DIC. Le document d’informations clés est un document harmonisé au niveau européen qui vous permet de retrouver les informations essentielles sur le placement, sa nature et ses caractéristiques principales. Ce n’est pas un document publicitaire. Il doit être compréhensible et remis avant toute souscription.

Le DIC remplace l’ancien DICI (document d’information clé pour l’investisseur) pour tous les placements collectifs depuis le 1er janvier 2023.

Le DIC présente le niveau de risque du produit via un indicateur chiffré accompagné d’explications, ainsi que des informations sur le rendement attendu. Cet indicateur permet à l’investisseur d’avoir une idée du risque de pertes liées aux performances futures du produit sur la durée de vie recommandée. Il est basé sur une échelle allant de 1 à 7, du niveau de risque le plus faible au plus élevé.

Dans le DIC, le SRI (Summary Risk Indicator) remplace le SRRI (Synthetic Risk and Reward Indicator) du DICI. Le nouvel indicateur de risque combine désormais deux types de risque : le risque de marché et le risque de crédit&nbsp:

  • Le risque de marché est représentatif de l’ampleur des hausses et baisses, observées dans le passé, du marché sur lequel le produit est investi. Plus les hausses et les baisses sont fréquentes ou importantes, plus la probabilité de constater une perte à certains moments est grande.
  • Le risque de crédit est une estimation de la capacité financière de l’établissement qui a conçu ou qui garantit le produit à rembourser son détenteur. Le plus souvent, pour les fonds d’investissement, ce risque est nul. Il existe toutefois des produits, comme certains fonds à formule, dont le remboursement est garanti par un établissement. Dans ce cas, le risque de crédit du produit est défini par la capacité de ce « garant » à assurer cette garantie.

Le SRI est toujours représenté sur une échelle allant de 1 à 7 mais la méthode de calcul est différente de celle utilisée dans le cadre du SRRI. Concernant le risque de marché (seul risque évalué par le SRRI), la méthodologie évolue : les intervalles de volatilité du nouveau SRI sont plus larges et l’évaluation du risque ne repose plus sur l’écart-type du rendement mais sur une approche plus complexe de type VaR. Cette nouvelle méthodologie peut donc entraîner une modification du niveau de risque affiché par rapport à l’ancienne méthodologie du SRRI. Cela ne signifie pas pour autant que le niveau de risque du fonds a diminué.

Intervalle de volatilité, SRI et SRRI

Niveau de l’indicateur de risque SRI SRRI
1 <0,5 % <0,5 %
2 0,5 % à 5 % 0,5 % à 2 %
3 5 % à 12 % 2 % à 5 %
4 12 % à 20 % 5 % à 10 %
5 20 % à 30 % 10 % à 15 %
6 30 % à 80 % 15 % à 25 %
7 >80 % >80 %
 
 
Qu'est-ce que la Value-At-Risk' ?

La Value-At-Risk représente la perte potentielle maximale d’un investisseur sur la valeur d’un actif ou d’un portefeuille d’actifs financiers qui ne devrait être atteinte qu’avec une probabilité donnée sur un horizon donné.

Elle est, en d’autres termes, la pire perte attendue sur un horizon de temps donné pour un certain niveau de confiance. Par exemple, si la VAR au seuil de confiance de 95 % à 1 jour est égale à 1 million d’euros, cela signifie qu’il y a 95 % de chances pour que la perte associée à la détention de l’actif n’excède pas 1 million d’euros.

 

L’échelle numérique du SRI s’accompagne d’éléments d’information sur les autres risques. Des explications sont données sur le niveau de risque lorsque le produit n’est pas détenu pendant toute la période de détention recommandée ou jusqu’à l’échéance prévue.

Lorsqu’il n’est pas facile de récupérer son argent rapidement, cette « illiquidité » du produit doit également être expliquée. C’est le cas par exemple pour les SCPI, car la société ne garantit ni le rachat ni la revente des parts : la sortie n’est possible que s’il existe un acheteur.

Quand la valeur du produit n’est pas libellée en euros, le risque de change, qui est lié aux fluctuations des monnaies, doit également être mentionné.

Enfin, la perte maximale possible de capital doit être indiquée, en particulier lorsqu’elle peut dépasser le montant total de l’investissement initial.

 
Qu'est-ce qu'un OPC ?

Un OPC est un fonds d’investissement par lequel les investisseurs mettent en commun leur épargne pour investir dans un portefeuille de valeurs mobilières (actions, obligations, autres OPC…).

Les sommes investies dans un OPC sont transformées en parts ou actions de l’organisme : celles-ci reflètent en permanence la valeur du portefeuille qu’il détient. Les OPC interviennent en général sur un marché bien déterminé ; les actions françaises ou les obligations internationales par exemple. Il en existe aussi qui ont une gestion « diversifiée » entre les actions, les obligations ou d’autres marchés.

source : Lafinancepourtous.com

 

La volatilité, indicateur pertinent du risque ?

La volatilité est un indicateur qui mesure l’amplitude des hausses et des baisses de valeur d’un placement. La connaissance de la volatilité est utile pour évaluer le risque d’un placement puisque quand la volatilité est élevée, le capital investi peut baisser de façon importante.

Une volatilité élevée s’accompagne généralement d’une espérance de rendement élevée. Cependant, dès lors que la volatilité ne constitue pas l’unique risque d’un placement, une volatilité élevée ne garantit pas une espérance de rendement élevé.

Par ailleurs, la volatilité est un indicateur qui traite les hausses comme les baisses de la même façon. Il accorde donc la même importance aux gains et aux pertes. Or, l’économie comportementale a pu mettre en évidence une « aversion aux pertes », qui correspond à la tendance des individus à ressentir une perte plus fortement qu’un gain de même amplitude. Cela explique que d’autres indicateurs soient parfois préférés à la volatilité, tel le maximum drawdown.

 

L’aversion aux pertes en vidéo

 

Le maximum drawdown ou « perte successive maximale » se concentre sur les pertes. Il mesure la plus forte baisse dans la valeur d’un portefeuille. Il correspond pendant une durée déterminée à la perte maximale historique supportée par un investisseur qui aurait acheté au plus haut et revendu au plus bas.

La mesure des risques d’un placement est indispensable pour s’assurer qu’il est cohérent avec votre tolérance au risque. Assurez-vous de considérer plusieurs indicateurs ou mieux, de consulter un professionnel, avant d’investir.

 

Titulaire d'un master en gestion de patrimoine et docteur en économie.

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