par Arnaud Sylvain | Assurance-vie
L’assurance vie est un placement populaire qui a de multiples avantages. Mais connaissez-vous ses inconvénients ?
L’assurance vie est un placement prisé des Français puisque 41 % des ménages détiennent au moins un contrat d’assurance vie et que l’encours de ces contrats dépasse 1 800 milliards d’euros.
À titre de comparaison, plus de 80 % des ménages détiennent un livret défiscalisé (Livret A, Ldds, etc.) mais l’encours de ces livret n’est « que » de 834 milliards d’euros (dont 450 milliards d’euros pour le Livret A).
Pourquoi les ménages investissent-ils autant d’argent dans l’assurance vie ?
Parce que l’assurance vie présente plusieurs avantages. Vous les connaissez certainement, mais il est utile de les rappeler.
Qu’est-ce qu’une avance ?
L’avance est un prêt. En cas de besoin temporaire de liquidités, le souscripteur d’un contrat d’assurance vie peut demander à la compagnie d’assurances de lui avancer le montant nécessaire. Le montant de l’avance correspond à une fraction de la valeur du contrat d’assurance vie et ne peut dépasser une part fixée dans les conditions générales (et différente selon les compagnies et les contrats).
Comme l’avance est un prêt, la valeur de rachat du contrat est inchangée et n’est pas diminuée du montant de l’avance. L’avance ne modifie pas non plus l’allocation d’actifs.
L’avance peut ainsi éviter la souscription d’un crédit, d’autant plus que l’épargnant n’aura pas besoin de prouver sa solvabilité ni de souscrire une assurance décès invalidité.
Quel est le taux de l’avance ?
Le taux d’intérêt appliqué à l’avance est déterminé au début de chaque année civile pour l’année en cours. Il est au moins égal au rendement du fonds en euros de l’année précédente majoré de 1 ou 2 points.
Ce taux est élevé comparativement à un crédit à la consommation mais son coût pourra être réduit pas la rémunération que procureront les sommes laissées en contrepartie sur le contrat d’assurance vie. Attention néanmoins, si le contrat subit des moins-values, cela accroîtra le coût de l’avance.
Quelle est la durée d’une avance ?
Une avance est généralement accordée pour une durée de trois ans, renouvelable deux fois. Ce délai peut cependant dépendre du type de contrat.
Rachat ou avance ?
Lors d’un rachat, le souscripteur doit s’acquitter de l’impôt et des prélèvements sociaux éventuels. La valeur du contrat est diminuée mais le souscripteur n’a contracté aucune dette.
En cas d’avance, le contrat n’est pas modifié et le souscripteur bénéficie d’un prêt de l’assureur. L’avance n’est pas imposable puisqu’il s’agit d’une somme prêtée et destinée à être remboursée.
Il convient par ailleurs de souligner l’aspect quelque peu spéculatif de la démarche qui pourra rebuter les plus prudents. L’avance revient en effet à emprunter une somme (à un taux fixe) pour la placer (généralement à un taux variable et incertain). Est-ce intéressant ? Tout dépendra du rendement de la somme placée mais quoi qu’il en soit, c’est un pari.
Investir ou épargner : quelle différence ?
Épargner, c’est mettre de côté pour plus tard. Vous pouvez épargner par précaution (pour faire face à un imprévu) ou pour financer un projet. Vous pouvez aussi épargner pour vous constituer un patrimoine.
Investir, c’est placer pour obtenir du rendement, c’est faire fructifier un capital. Vous pouvez investir votre épargne (celle qui vous sert à vous constituer un patrimoine) mais vous pouvez aussi investir à crédit.
Épargne et investissement répondent à deux finalités différentes, même s’ils se confondent lorsque vous cherchez à faire fructifier votre épargne.
Avec l’assurance vie, vous pouvez donc vous constituer un capital à votre rythme puis en disposer quand bon vous semble ou le transmettre à votre décès à qui vous souhaitez, le tout en bénéficiant d’une fiscalité favorable. En bref, l’assurance vie est une enveloppe idéale pour préparer sa retraite.
Tout est (bien) résumé dans la vidéo ci-dessous.
Vous comprenez maintenant le succès de l’assurance vie. Sauf que…
Tous ces avantages qui vous sont promis, vous n’en bénéficiez que rarement.
Pourquoi ?
À cause de la loi Sapin 2 qui peut vous empêcher de retirer votre argent ? Même pas.
Non. Le vrai problème, c’est qu’un bon outil doit être bien utilisé pour donner de bons résultats. Or dans leur grande majorité, les contrats d’assurance vie les plus souscrits sont de mauvais contrats. Et que même lorsque ce sont de bons contrats, ils sont le plus souvent mal utilisés.
Les inconvénients de l’assurance vie les plus souvent mis en avant sont :
Ces inconvénients sont bien réels mais découlent des deux causes suivantes :
Il existe de nombreux contrats d’assurance vie, dont de très bons contrats à frais réduits et avec une offre de fonds large et variée (dont des ETF et des SCPI). Ces très bons contrats sont accessibles sur internet. Ils représentent néanmoins une part infime des encours de l’assurance vie.
La grande majorité de l’encours est captée par des contrats bancaires d’entrée de gamme médiocres qui se caractérisent par des frais prohibitifs et une offre de supports limitée et de médiocre qualité.
« Les contrats d’assurance vie les plus vendus sont rarement les plus rémunérateurs »
Autant dire qu’avec des fonds en euros qui délivrent moins de 1 % et des unités de compte qui sous-performent, la constitution d’un patrimoine tiendra plus du chemin de croix que d’une balade de santé.
Avec ces contrats d’entrée de gamme, le vrai gagnant c’est l’assureur qui vous fait supporter des frais à tous les étages : frais d’entrée, frais de gestion du contrat, frais de gestion des supports (fonds en euros et unités de compte « maison »). Ce n’est ni l’assuré ni le bénéficiaire du contrat.
Cependant, même si vous disposez d’un bon contrat, il y a de grandes chances qu’il soit mal utilisé.
Pourquoi ?
Parce que si l’assurance vie est un outil performant, c’est aussi un outil complexe.
L’assurance vie est un outil complexe en termes de transmission : la transmission du patrimoine au décès de l’assuré obéit à la clause bénéficiaire qui aura été rédigée. Or, bien rédiger une clause bénéficiaire est une compétence hors de portée de la majorité d’entre nous. Si les formules usuelles peuvent convenir à la plupart des assurés, elles peuvent se révéler ravageuses pour d’autres.
Si vous ne voulez pas avoir de mauvaise surprise, si vous voulez optimiser la transmission du patrimoine que vous détenez en assurance vie, mieux vaut consulter un professionnel.
L’assurance vie est un outil complexe en termes de constitution de patrimoine : Si vous voulez vous constituer un patrimoine sur le long terme, vous aurez besoin de rendement. Mais plus vous rechercherez un rendement élevé, plus vous devrez prendre des risques. Rendement et risque sont inséparables.
Or, nous avons tous un rapport au risque spécifique.
Par conséquent, vous devrez vous assurer que votre portefeuille est compatible avec votre tolérance au risque (quel est votre profil de risque ?), vos objectifs et votre horizon temporel (plus votre horizon de placement est court, moins vous devez prendre de risques).
C’est ce que tout le monde vous dira, c’est ce que vous lirez partout, et c’est effectivement impératif.
Sauf que vous ne savez pas construire un tel portefeuille.
Comment choisir entre différentes classes d’actifs (fonds en euros, actions, obligations, SCPI, etc.) ?
Comment choisir la bonne répartition entre les supports ?
Donc, voilà ce que vous risquez de faire :
À moins d’être un investisseur averti, la solution est ici encore de solliciter un professionnel.
Avec un portefeuille correctement calibré, vous ne prendrez pas plus de risques que vous ne pouvez en supporter. Ainsi, vous ne craindrez pas les soubresauts du marché et vous pourrez investir sur le long terme.
Avec un portefeuille correctement calibré, vous prendrez uniquement les risques que vous pouvez tolérer. Vous obtiendrez le rendement qui vous correspond, souvent plus élevé que celui du fonds en euros.
Pour bénéficier pleinement des avantages d’une assurance vie, vous devrez donc procéder en deux étapes :
N’oubliez pas : un bon outil ne sert à rien s’il est mal utilisé.
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Titulaire d'un master en gestion de patrimoine et docteur en économie.
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